Violence: An international journal lance un appel à contribution sur le thème : « Où en sommes-nous dans l’étude de la guerre ? ». Ce dossier sera coordonné par Michel WIEVIORKA (EHESS) et Scott STRAUS (University of California, Berkeley).
Violence: An international journal recherche également des articles varia, mais entretenant toujours un lien étroit avec les problématiques relatives à la violence et à la sortie de la violence. Chaque numéro de la revue sera coordonné par ses deux rédacteurs en chef : Scott STRAUS (University of California, Berkeley) et Michel WIEVIORKA (EHESS).
Dossier : « Où en sommes-nous dans l’étude de la guerre ? »
Une grande partie de la littérature sur la guerre au cours des deux dernières décennies s’est concentrée sur les guerres intraétatiques, mais aujourd’hui, avec la guerre de la Russie en Ukraine, nous assistons à une guerre interétatique à grande échelle. Cette guerre est une opportunité pour ouvrir une réflexion sur la guerre, en général, et sur ce qu’elle signifie aujourd’hui. Elle invite les chercheurs en sciences sociales à faire le point sur l’état de l’art, à formuler des questions nouvelles ou renouvelées, à ouvrir des chantiers. C’est pourquoi Violence : An international journal lance cet appel ouvert, et propose quelques pistes, qui ne sont évidemment pas exhaustives.
La notion de guerre
C’est peut-être la notion même de guerre qui appelle d’abord examen, ou réexamen. Certains experts insistent sur le retour de pratiques militaires, qui avaient disparu depuis la deuxième Guerre Mondiale. On parlait de plus en plus d’opérations, du rôle des armées dans le maintien de la paix ou dans l’imposition de la paix, on soulignait l’importance des opérations très différentes de ce qu’on observe en Ukraine. L’art de la guerre a-t-il changé ?
L’idée de guerre juste
L’idée de « guerre juste », qui remonte à l’Antiquité et a connu d’importants développements dans la pensée chrétienne, est-elle applicable à l’action militaire et à la guerre défensive de l’Ukraine ? Cette idée peut aussi conduire à examiner le thème de la responsabilité et des débats qui peuvent surgir autour de la question de savoir : « de qui est la faute d’une guerre » ?, et de la façon dont divers acteurs peuvent avoir contribué à ce qu’une situation donnée débouche sur une guerre.
La pensée stratégique : le nucléaire
Où en est la pensée stratégique en matière militaire et notamment en matière nucléaire? Y a -t-il des écoles de pensée, des débats, des différences notables selon les parties du monde ou les pays ? La pensée stratégique, après l’effondrement du bloc soviétique, se développait en fonction d’autres hypothèses que celles d’un engagement militaire majeur de la Russie, et la réflexion sur le nucléaire ne s’était pas beaucoup renouvelée, en dehors des craintes de la dissémination. Les menaces lancées par la Russie, qui considère que le nucléaire peut-être une arme tactique, et pas seulement un outil de dissuasion, méritent examen. D’autres enjeux renvoient à des technologies autres que nucléaire : par exemple, comment l’emploi des drones a modifié la guerre ? Qu’est-ce qu’une guerre par procuration aujourd’hui ?
Les crimes de guerre
La guerre russe en Ukraine est l’occasion de violences qui vont au-delà de ce qu’autorisent les règles internationales, des crimes sont commis. Crime d’agression, ont dit certains juristes rappelant le point de départ du procès de Nuremberg, crime contre l’humanité, visant les civils, génocide, viols, etc., de nombreuses catégories sont mobilisées. Le droit international et la capacité des organisations internationales, à commencer par l’ONU à le faire respecter sont problématiques. Les premières investigations internationales commencent néanmoins à porter leurs fruits, et il serait utile d’en savoir plus sur ces crimes, et les conditions qui les rendent possibles. Est-ce très différent de ce qu’apportaient les travaux sur la première et la deuxième guerre mondiale ou sur la guerre au Vietnam ? Que sait-on des militaires russes ? Des paramilitaires et autres milices ?
Justice de paix, ou justice des vainqueurs
Les crimes de l’armée russe seront-ils sanctionnés, et si oui, s’agira-t-il d’une justice universelle, ou de la justice des vainqueurs, comme cela a parfois été reproché aux alliés victorieux à propos de Nuremberg ? Le discours de la guerre, chez Vladimir Poutine, inverse les catégories pour se parer à certains égards des valeurs universelles. Sa rhétorique mérite examen.
La société et la guerre
La guerre mobilise différemment les sociétés, elle a par exemple contribué à l’essor d’une conscience nationale ukrainienne. On ne sait pas très bien de quel appui populaire dispose Poutine, et quels sont sa nature et sa solidité. Le moment est venu de réfléchir aux liens entre population et pouvoir en situation de guerre.
Les armes, les industries d’armement
La guerre a recours à des armes. Ne faut-il pas avoir une idée claire de ce que sont ces armes et les industries d’armement aujourd’hui, sur le rôle de l’électronique, sur la production des armes, sur les liens entre pouvoir civil et industries d’armement ?
Médias et réseaux en temps de guerre
Les médias, internet, les réseaux sociaux sont impliqués de mille et une façons en temps de guerre. Pour informer et désinformer, pour communiquer et ruiner la communication de l’ennemi, pour exacerber la violence, ou pour aller vers la paix.
Sortir de la guerre
La fin de la guerre n’est pas la même selon qu’elle résulte de négociations, ou d’une victoire militaire. Son impact sur la suite peut être durable. Ainsi, le Traité de Versailles venant conclure la première guerre mondiale a-t-il été un des facteurs de la montée ultérieure du nazisme. Il convient d’analyser les différentes modalités possibles de sortie de cette violence singulière qu’est la guerre.
Violence: An international journal
La violence sous toutes ses formes constitue aujourd’hui un vaste domaine de recherche dans le champ des sciences humaines et sociales.
Il n’en va pas de même pour la prévention et la sortie de la violence qui relèvent d’un espace peu structuré, où les connaissances sont plus empiriques que théorisées, et produites par des acteurs de terrain (ONGs, associations), des experts ou des professionnels bien plus que par des chercheurs en sciences humaines et sociales.
Violence: An international journal veut rassembler et faire vivre une large communauté internationale de chercheurs, de professionnels et de praticiens, autour de deux enjeux scientifiques et intellectuels complémentaires, mais distincts : l’analyse de la violence, dans ses diverses expressions et métamorphoses, et celle de la prévention et de la sortie de la violence.
Violence: An international journal a donc pour projet, tout en développant la compréhension de la violence, de faire de la sortie et de la prévention de la violence un véritable domaine de recherche, avec ses apports et ses débats.
La revue veille également à articuler la recherche en sciences humaines et sociales à d’autres champs de la connaissance et de la réflexion. Elle tisse des liens particuliers avec les milieux artistiques et littéraires.
Violence: An international journal est une revue biannuelle intégralement en anglais, publiée par les Éditions de la Maison des sciences de l'homme et Sage Publishing.
Recommandations
Votre article doit être accompagné d’un résumé, d’une bibliographie détaillée, ainsi que d’une courte biographie. Il devra compter entre 5,000 et 8,000 mots (notes de bas de page, bibliographie et biographie incluses). Chaque article devra également être envoyé, de préférence, au format word, et employer, systématiquement, le mode de référencement du système Harvard, comme suit :
Livre
Clark JM and Hockey L (1979) Research for Nursing. Leeds: Dobson Publishers.
Chapitre de livre
Gumley V (1988) Skin cancers. In: Tschudin V and Brown EB (eds) Nursing the Patient with Cancer. London: Hall House, pp. 26–52.
Article de revue
Huth EJ, King K and Lock S (1988) Uniform requirements for manuscripts submitted to biomedical journals. British Medical Journal 296(4): 401–405.
Site Internet
Website National Center for Professional Certification (2002) Factors affecting organizational climate and retention. Available at: www.cwla.org./programmes/triechmann/2002fbwfiles (accessed 10 July 2010).
Article de presse
Clark JM (2006) Referencing style for journals. The Independent, 21 May, 10.
Il vous est demandé de porter une attention particulière à la qualité de l’écriture, de sorte que votre article puisse être accessible à un lectorat plus large que celui du monde académique.
Pour contribuer à la revue Violence: An international journal, merci d’envoyer un article entièrement rédigé.
Calendrier
Les articles destinés à rejoindre le dossier « Où en sommes-nous dans l’étude de la guerre ? » devront être envoyés avant le 31 juillet 2022.
Vous pouvez cependant envoyer des articles pour la section varia tout au long de l’année.
Soumission des articles
Pour soumettre un article à la revue Violence, que ce soit pour le dossier thématique « Où en sommes-nous dans l’étude de la guerre ? », ou pour la section varia, merci de nous envoyer votre contribution via la plateforme de la revue : https://mc.manuscriptcentral.com/violence
Pour toute question concernant le processus de soumission ou sur la revue, merci d’écrire à Thomas Coppey : tcoppey@msh-paris.fr